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venait sans doute d’un ordre supérieur. Dès qu’Elena fut seule, elle monta à la tourelle. Sœur Olivia y avait fait porter une chaise, une table sur laquelle étaient posés quelques livres et un vase de fleurs. La captive ne put retenir son attendrissement à cette preuve des soins généreux de la bonne religieuse ; et, regardant les livres, elle y trouva, parmi quelques ouvrages mystérieux, plusieurs des meilleurs poètes italiens. Elle s’assit près de sa fenêtre et, un volume du Tasse à la main, elle laissa errer son imagination sur les scènes créées par ce brillant génie, jusqu’à ce que le déclin du jour la rappelât à des événements plus réels. Elle pensa alors à Vivaldi ; elle pleura en songeant que peut-être elle ne le reverrait jamais, quoique sans doute il fût déjà à sa recherche. Tous les détails de leur dernière entrevue lui revinrent en mémoire et, quand elle se figura le désespoir du jeune homme venant à la villa Altieri sans l’y trouver, tout le courage dont elle faisait montre pour lutter contre ses propres maux faiblit à l’idée de ceux que son amant avait dû endurer. La cloche du soir l’ayant avertie, elle se rendit à l’office avec sœur Marguerite ; et, de là, elle revint dans sa chambre où sœur Olivia ne tarda pas à la rejoindre. Celle-ci lui rapporta, avec un mélange de franchise et de discrétion, ce qui s’était passé entre elle et l’abbesse. Le résultat de cet entretien fut que la supérieure avait autant d’obstination que sa prisonnière montrait de fermeté.

— Quelle que soit votre détermination, dit sœur Olivia, je vous conseille sérieusement de montrer à l’abbesse quelque complaisance et de lui laisser espérer que vous pourrez céder un jour, sans quoi elle pourrait