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cette distraction qui a soulagé mes peines. Je les oublierais presque si j’avais quelques livres et quelques crayons.

— Je suis bien aise de savoir cela, dit la religieuse avec un sourire affectueux. Adieu. Surtout, ne posez à sœur Marguerite aucune question à mon sujet, et ne lui parlez pas des petites attentions que j’ai pour vous.

Après le départ de sœur Olivia, Elena demeura quelque temps plongée dans ses réflexions d’où elle fut tirée par sœur Marguerite qui venait pour la conduire au réfectoire, l’abbesse ayant eu la bonté de permettre qu’elle dînât avec les novices. Cette permission ne fit aucun plaisir à Elena ; elle aurait mieux aimé se réfugier dans sa petite tour que de s’exposer aux regards curieux de ses nouvelles compagnes. Elle suivit tristement sœur Marguerite le long des corridors silencieux, jusqu’à la salle où l’on était déjà réuni. Elle n’éprouva pas moins d’embarras que de surprise en voyant tous les yeux fixés sur elle. Les novices se mirent à chuchoter et à sourire ; pas une ne s’approcha d’elle pour l’encourager ; pas une ne l’invita à s’asseoir près d’elle ; enfin, elle ne fut l’objet d’aucune de ces attentions délicates par lesquelles une âme généreuse se plaît à relever les faibles et les malheureux.

Elena prit un siège, et peu à peu la dignité de ses manières changea les dispositions malveillantes dont elle avait d’abord été l’objet. Après le repas, elle eut hâte, pour la première fois, de regagner sa cellule. Sœur Marguerite ne l’y enferma pas ; acte de condescendance qui semblait lui coûter, mais qui