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faut bien que vous le sachiez, on veut que je vous prépare à prendre le voile. On veut que je vous déclare qu’il n’y a plus pour vous d’autre parti à prendre, puisque vous rejetez le mari qu’on vous propose. Les délais accoutumés ne seraient point observés pour vous et bientôt, après avoir pris le voile blanc, vous seriez obligée de prendre le voile noir.

Après s’être recueillie un instant, Elena dit d’un ton ferme :

— Ce n’est pas à vous que je répondrai, sœur Olivia, puisque c’est contre votre gré que vous vous êtes chargée de ce cruel message, mais seulement à madame l’abbesse. Je déclare, à mon tour, que je ne veux prendre ni voile blanc ni voile noir, que l’on peut bien me traîner de force à l’autel, mais que jamais ma bouche ne prononcera des vœux que mon cœur déteste et que, si ma voix s’élève, ce ne sera que pour protester contre une indigne violence.

Sœur Olivia parut écouter avec une certaine satisfaction cette noble réponse de l’orpheline.

— Je n’ose applaudir à votre résolution, répliqua-t-elle, mais je ne la condamne point. Sans doute avez-vous laissé dans le monde quelque attachement qui rendrait trop déchirante une séparation éternelle. Des parents, des amis peut-être…

— Je n’en ai point, interrompit Elena avec un soupir, hors un seul ami. Et c’est de celui-là qu’ils veulent me séparer.

— Pauvre enfant ! dit sœur Olivia. Pardonnez-moi une question peut-être indiscrète : quel est votre nom ?