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Elena lui répondit avec franchise qu’elle avait trouvé cette porte ouverte et qu’elle était montée jusqu’à une petite tour. Sœur Marguerite la réprimanda durement et quitta la chambre, après avoir eu soin de la refermer à clef. Elena fut ainsi privée de la consolation qu’elle avait goûtée un moment dans la tourelle. Pendant plusieurs jours, elle ne vit absolument que sa sévère geôlière, si ce n’est à l’heure des vêpres où elle était observée avec tant de vigilance qu’elle n’osa dire un seul mot à sœur Olivia, ni même lui parler des yeux. Ceux de sœur Olivia étaient souvent fixés sur elle avec une expression que l’orpheline ne sut pas bien définir ; elle crut y voir plus que de la compassion : c’était comme une sorte d’angoisse. Après être sortie de l’église, elle resta encore seule toute la soirée. Mais, le lendemain matin, elle vit sœur Olivia entrer dans sa cellule ; elle lui apportait à déjeuner. Une profonde tristesse était empreinte sur ses traits.

— Ah ! que je suis heureuse de vous voir, s’écria Elena, et combien j’ai souffert d’une si longue séparation !

— Je viens sur l’ordre de notre abbesse, dit sœur Olivia avec un sourire mélancolique, en s’asseyant sur la couchette de la jeune fille.

— Est-ce donc contre votre gré que vous venez me visiter ? demanda tristement Elena.

— Non sans doute, mais…, et elle hésita.

— Ah ! je le vois, reprit Elena, vous m’apportez de mauvaises nouvelles ?

— Eh bien oui, ma chère enfant, il n’est que trop vrai. Armez-vous de courage. On veut, il