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fermée à clef ; elle s’habilla à la hâte et sortit. Sa chambre donnait sur un passage qui communiquait avec le bâtiment principal ; mais la porte de ce passage était fermée. Elena se trouvait donc prisonnière comme auparavant. Seulement, elle pensa que sœur Olivia n’avait pas fermé à clef la porte de sa chambre afin de lui ménager un peu plus d’espace pour se promener, et elle lui sut gré de cette attention. En avançant dans le corridor, elle aperçut, à l’un de ses bouts, un petit escalier. Elle monta et se trouva dans une petite chambre qui ne lui présenta d’abord rien de remarquable ; mais, en n’approchant de la fenêtre, elle découvrit un horizon immense et un paysage dont la beauté fit sur elle une vive impression. Elle reconnut que cette chambre se trouvait dans une petite tourelle en saillie, à l’un des angles de l’édifice, et qu’elle était comme suspendue au-dessus des rochers de granit dont la montagne était formée. Quelques-uns de ces rochers surplombaient le vide, comme prêts à s’écrouler ; d’autres, taillés à pic, supportaient les murs du monastère.

Pour Elena, que le spectacle des beautés de la nature trouvait toujours si sensible, la découverte de cette petite tourelle était un bonheur inappréciable. Elle pourrait venir là, puiser dans cette vue magnifique la force d’âme nécessaire pour endurer ses chagrins. Bientôt son attention fut distraite par un bruit de pas dans le corridor. Elle se hâta de redescendre, pensant que c’était sœur Marguerite qui lui apportait son déjeuner. Elle ne se trompait pas. La sœur, étonnée, lui demanda comment elle avait ouvert la porte de sa chambre et où elle était allée.