Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

religieuse passait près d’elle, la jeune fille lui jeta un regard si doux et si expressif qu’elle s’arrêta et regarda à son tour la nouvelle venue. Une faible rougeur colora un moment ses joues ; elle parut émue et tint quelque temps ses regards fixés sur Elena ; mais, obligée de suivre la procession, elle lui adressa un sourire d’adieu qui exprimait la plus tendre pitié. Elena la suivit des yeux jusqu’à la porte qui conduisait à l’appartement de l’abbesse et, quand elle fut elle-même rentrée chez elle, elle s’informa de son nom.

— Voudriez-vous parler de sœur Olivia ? lui demanda sœur Marguerite, la religieuse qui la raccompagnait.

— Elle est d’une figure bien agréable.

— Sans doute, répondit sœur Marguerite d’un air pincé, mais nous avons beaucoup de sœurs aussi jolies.

— Elle n’est plus, il est vrai, de la première jeunesse, reprit Elena, mais elle en a encore toutes les grâces et elle y joint une dignité…

— Si vous voulez dire qu’elle est d’âge moyen, reprit aigrement sœur Marguerite, ce doit être sœur Olivia, car nous sommes presque toutes plus jeunes qu’elle.

Elena porta involontairement ses yeux sur la religieuse qui parlait ainsi ; elle vit une figure maigre et jaune, annonçant à peu près une fille de cinquante ans, et put à peine cacher sa surprise en retrouvant une si misérable vanité sous un extérieur si grave, à l’ombre du cloître, au milieu de passions refroidies. Sœur Marguerite, jalouse de l’éloge de sœur Olivia, refusa de répondre à de nouvelles questions et enferma