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on l’avait rigoureusement tenue séquestrée dans sa cellule ; mais, le soir du cinquième jour, on lui permit d’assister aux vêpres. En traversant le jardin pour se rendre à l’église, elle éprouva une sensation de volupté infinie à respirer librement l’air frais et à reposer ses yeux sur le feuillage et sur les fleurs. Elle suivit les religieuses à l’office, et se trouva placée au milieu des novices. Les chants religieux émurent son cœur et relevèrent ses esprits. Parmi les voix qui la charmaient, une surtout fixa son attention. À ses accents qui tantôt s’élevaient avec les accords solennels de l’orgue, et tantôt l’adoucissaient en se mêlant au chant timide des autres religieuses, Elena, prise de sympathie pour l’âme que cette mélodie semblait révéler, chercha parmi ses compagnes, celle qui répondait le mieux à l’idée qu’elle s’en était faite. Elle remarqua alors, à quelque distance, une religieuse agenouillée au-dessous d’une lampe qui l’éclairait à demi, et dont la figure et le maintien lui parurent d’accord avec le chant expressif qui l’avait si vivement frappée. Son voile était assez léger pour laisser entrevoir la beauté de ses traits ; ses yeux levés au ciel et son attitude recueillie exprimaient une ardente dévotion. L’hymne achevé, elle se leva et, bientôt après, Elena put la contempler sans voile et tout à fait éclairée par la lampe. Elle crut démêler sur ses traits pâles, où la langueur avait succédé aux élans de la piété, le sentiment du désespoir plutôt que celui de la résignation. Mais cette idée même, qui lui faisait supposer une situation pareille à la sienne, redoublait sa sympathie pour la religieuse. À la sortie de l’église, comme ladite