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l ne leur restait plus rien à craindre ; aussi se mirent-ils à crier de toutes leurs forces ; mais on ne leur répondit pas, et les voix cessèrent de se faire entendre.

Épuisés par leurs efforts, ils se laissèrent tomber à terre, renonçant à toute autre tentative jusqu’au retour de la clarté du jour. Vivaldi ne se souciait guère de la suite du récit de Paolo depuis qu’il n’y voyait aucun rapport avec le sort d’Elena ; et le valet, de son côté, s’étant enroué à force de crier, n’était pas disposé à rompre le silence.


Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis l’arrivée d’Elena au monastère de San Stefano sans qu’il lui fût permis de sortir de sa chambre. Sous clef, elle ne voyait personne, si ce n’est la religieuse qui lui apportait quelques aliments ; la même qui l’avait reçue aux portes du couvent. Lorsqu’on pensa que son courage pouvait être brisé par ce long isolement et par l’inutilité de sa résistance, on la manda au parloir. L’abbesse l’y attendait seule, et la sévérité de son accueil prépara l’orpheline à une scène des plus sérieuses. Après un exorde sur la noirceur de son crime et sur la nécessité de sauver l’honneur d’une famille que sa conduite désordonnée avait failli compromettre, l’abbesse lui déclara qu’elle devait se déterminer à prendre le voile sur-le-champ ou bien à accepter le mari que la marquise de Vivaldi avait eu l’extrême bonté de choisir pour elle.