Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/8

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pressant le pas, il les rejoignit au Terrazzo Nuovo, qui longe la baie de Naples ; là, il les devança quelque peu, mais la belle inconnue restait toujours voilée ; et le jeune homme, retenu par une timidité respectueuse, qui se mêlait à son admiration, refrénait sa curiosité. Un heureux accident vint à son aide : en descendant les degrés de la terrasse, la vieille dame fit un faux pas ; et comme Vivaldi s’empressait pour la soutenir, le vent souleva le voile d’Elena, et découvrit aux regards du jeune homme une figure plus touchante encore et plus belle mille fois qu’il ne l’avait imaginée. Sur les traits de la jeune fille – des traits d’une beauté grecque – se peignait la pureté de son âme et dans ses yeux bleus éclatait la vivacité de son esprit. Elle était si occupée à secourir sa compagne, qu’elle ne s’aperçut pas d’abord de l’admiration qu’elle inspirait, mais elle n’eut pas plutôt rencontré le regard éloquent de Vivaldi, qu’elle rougit et rebaissa son voile.

La vieille dame ne s’était pas blessée dans sa chute ; mais comme elle marchait avec quelque difficulté, Vivaldi saisit cette occasion pour lui offrir son bras ; elle s’excusa d’abord en le remerciant, mais sur ses instances respectueuses, elle lui permit de l’accompagner jusque chez elle. Plusieurs fois, pendant le chemin, le jeune homme essaya de lier conversation avec Elena. Mais elle ne répondait que par monosyllabes ; et, déjà, ils étaient arrivés à la porte de la maison sans qu’il eût trouvé le moyen d’entamer cette froide réserve.

L’aspect de la demeure des deux dames lui donna lieu de penser qu’elles tenaient un rang honorable