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ne rougissent pas visiblement des péchés dont ils se confessent.

— Continue, dit Vivaldi avec impatience.

— Oui, monsieur… Mais je ne sais plus où j’en étais… ah ! oui, au pied du confessionnal. Donc, l’inconnu, agenouillé devant la petite grille, poussait de tels gémissements à l’oreille du confesseur qu’on les entendait à l’autre bout de l’église. Vous saurez, monsieur, que les religieux de Santa Maria del Pianto sont de l’ordre des Pénitents Noirs et que les gens qui ont de gros péchés sur la conscience viennent là de très loin pour se confesser au grand pénitencier, le père Ansaldo, qui demeure dans le couvent. Or, c’était lui qui écoutait l’inconnu. Il le reprit doucement pour l’éclat qu’il faisait et s’efforça de le consoler. L’homme, s’apaisant un peu, reprit sa confession. Je ne sais ce qu’il dit au père Ansaldo, mais ce devait être quelque chose de bien étrange et de bien horrible, car tout à coup le grand pénitencier quitta le confessionnal et, avant d’avoir pu regagner sa cellule, il tomba en convulsions et s’évanouit. Quand il fut revenu à lui, il demanda à ceux qui l’entouraient si un pénitent qui s’était présenté à son confessionnal était encore dans l’église et, dans ce cas, il donna ordre de l’arrêter. Un des religieux se rappela qu’en traversant l’église pour aller au secours du père Ansaldo, il avait vu un homme passer vivement près de lui ; cet homme était de grande taille, vêtu d’une robe de moine blanc, et se dirigeait vers la porte extérieure de l’église. Le père Ansaldo pensa que c’était son pénitent. On envoya chercher le frère portier, mais celui-ci n’avait