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avait dit l’apparition. Cette idée subite chassa de son esprit tout sentiment de crainte pour lui-même. Il se leva et se mit à marcher à grands pas, confirmé dans ses affreuses appréhensions par le souvenir des premières prédictions du moine qui lui avait annoncé la mort de la signora Bianchi. En vain Paolo, oubliant pour un instant sa propre situation, s’efforçait de le calmer ; Vivaldi n’écoutait ni n’entendait rien. Cependant, Paolo ayant prononcé par hasard le nom du Couvent de Santa Maria del Pianto, l’idée que le moine qui lui avait parlé d’Elena avait peut-être quelque relation avec ce monastère voisin éveilla vivement son intérêt et, pour confirmer ou non cette supposition, il demanda à Paolo la suite du récit qu’il avait commencé. Celui-ci obéit, non sans quelque répugnance, et reprit en baissant la voix :

— C’était la veille de la Saint-Marc, et juste au moment où sonnait l’Angélus du soir. Vous n’êtes peut-être jamais entré, monsieur, dans l’église de Santa Maria del Pianto ; c’est bien l’église gothique la plus sombre que l’on ait jamais vue. Dans un des bas-côtés, il y a un confessionnal. À cette heure, dis-je, un homme, si bien enveloppé dans un long manteau qu’on ne pouvait rien voir de sa taille ni de sa figure, vint s’agenouiller à ce confessionnal. Au surplus, eût-il été vêtu avec autant d’élégance que vous, monsieur, personne ne s’en serait douté ; car cette partie de l’église, n’étant éclairée que par la lampe suspendue à son extrémité, était presque aussi obscure que la chambre où nous sommes. Sans doute cette obscurité est-elle ménagée pour que les pénitents