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des gémissements étouffés et l’un de ces chants lugubres qui, en Italie, accompagnent les prières autour du lit des mourants. Il frappa fortement à la porte. La vieille Béatrice vint lui ouvrir et, sans attendre les questions de Vivaldi :

— Ah ! monsieur ! s’écria-t-elle, qui s’y serait attendu ? Vous l’avez vue encore hier ; elle se portait aussi bien que moi ! et aujourd’hui elle est morte !

— Morte dites-vous ? elle est morte !

Et Vivaldi s’appuya contre un pilier pour ne pas tomber. Béatrice s’avança vers lui pour le soutenir ; il lui fit signe de s’arrêter et, respirant avec une extrême difficulté :

— Quand est-elle morte ? articula-t-il faiblement.

— Vers les deux heures du matin.

— Je veux la voir, conduisez-moi.

— Ah ! monsieur, c’est un triste spectacle.

— Conduisez-moi, vous dis-je, ou je trouverai moi-même le chemin.

En parlant ainsi, ses traits étaient bouleversés, ses yeux hagards.

Béatrice, effrayée, prit les devants ; il la suivit à travers plusieurs chambres dont les jalousies étaient fermées. Les chants avaient cessé et rien ne troublait le silence de ces appartements déserts. Arrivé à la dernière porte, son agitation était si vive qu’il tremblait de tous ses membres. Béatrice ouvrit ; il fit un effort sur lui-même pour avancer et, jetant les yeux autour de lui, il vit agenouillée au pied du lit une personne en pleurs… C’était Elena ! Jeter un cri,