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produire sur elle qu’une impression mélancolique.

— Hélas ! murmura-t-elle après un long silence, qui sait si le beau soleil de ces rivages, qui éclaire au loin ces cimes majestueuses, qui sait s’il brillera longtemps pour moi et si mes yeux ne se fermeront pas bientôt à ce magnifique spectacle !

Elena gronda doucement sa tante de se livrer à de si tristes pensées. Pour toute réponse la signora Bianchi exprima le vœu ardent de voir le sort de sa nièce assuré. Puis elle ajouta :

— Si ce bonheur était retardé, je craindrais de ne pas vivre assez longtemps pour en être témoin. Un secret instinct m’avertit que je dois profiter du peu de jours qui me restent pour confier mon enfant chérie à la tendresse et à la protection d’un époux !

À ces mots, Elena, vivement affectée, fondit en larmes et se jeta au cou de sa tante, en s’écriant qu’elle repoussait de pareils présages, que rien, Dieu merci, ne faisait prévoir une séparation si prochaine, tandis que Vivaldi, tout en s’élevant comme elle contre des craintes si peu justifiées, s’autorisait des désirs de la vieille dame pour conjurer la jeune fille de rendre au moins quelque tranquillité à sa tante en consentant à leur prochaine union. Alors la signora Bianchi, prenant dans ses mains celles de sa nièce et celles du jeune homme, reprit d’un ton grave qui cachait mal son émotion :

— Quoi que le ciel ait décidé de moi, monsieur, je vous lègue ma fille, veillez sur elle, et protégez-la contre les épreuves de la vie avec le même zèle que j’ai mis à l’en garantir.