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Les voyageurs, entrés dans l’église, cherchèrent vainement l’homme qu’ils venaient de voir et n’aperçurent, sous les voûtes obscures des bas-côtés, qu’un religieux du couvent voisin, chargé de montrer aux touristes tout ce qui était digne de retenir leur attention. L’intérieur du monument n’offrait ni l’éclat ni les riches ornements qui distinguent les églises italiennes, surtout celles de Naples ; mais il en émanait une grande simplicité sévère, rehaussée par une mystérieuse distribution de lumière et d’ombre qui portait les esprits au recueillement et aux élans de la prière. Nos voyageurs avaient parcouru les chapelles et revenaient sur leurs pas, lorsqu’ils aperçurent de nouveau ce même personnage étrange qu’ils avaient vu sous le porche, et qui se glissait dans un confessionnal, sur leur gauche. L’un d’eux demanda au religieux qui était cet homme. Le religieux ne répondit pas ; mais, comme l’Anglais insistait, il acquiesça d’un signe de tête et dit tranquillement :

— C’est un assassin.

— Un assassin ! s’écria l’Anglais, et il demeure en liberté ?

Un Italien de la compagnie sourit à cette exclamation :

— Il a trouvé ici un asile, dit-il, où personne n’a le droit de l’arrêter.

— Vos autels, reprit l’Anglais, protègent donc les meurtriers ?… Cela est bien étrange !… Quel pouvoir reste-t-il à vos lois, si les plus grands criminels ont des moyens de défense contre elles ? Mais comment peut-il vivre en ce lieu ?… N’est-il pas exposé à y mourir de faim ?

— Non, dit le moine. Il y a toujours des âmes