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acteurs de cette lugubre scène et qui découvrit aux yeux des assistants la figure hâve et décharnée du sinistre dominicain, dont la mort semblait déjà s’être emparée. Il demeura quelques instants le coude appuyé sur son oreiller, les yeux fermés, et paraissant en proie à une lutte intérieure. Enfin, comme s’il eût fait un violent effort sur lui-même, il énuméra en détail tous les artifices qu’il avait employés contre Vivaldi. Il s’avoua lui-même comme l’accusateur anonyme qui avait dénoncé le jeune homme au Saint-Office et déclara que le procès d’hérésie qu’il lui avait fait susciter reposait sur des bases fausses et des rapports calomnieux.

Au moment où se confirmaient les soupçons de Vivaldi sur le véritable auteur des poursuites dont il s’était vu l’objet, il remarqua que cette accusation n’était pas celle qu’on avait élevée contre lui, à la chapelle de Saint-Sébastien, et dans laquelle Elena était impliquée. Il demanda l’explication de cette différence. Schedoni la donna en répondant que les personnes qui l’avaient arrêté dans la chapelle de Saint-Sébastien n’étaient pas de véritables officiers de l’Inquisition et que l’ordre d’arrestation, motivé par l’enlèvement d’une religieuse, avait été forgé par lui-même afin que les gens qu’il avait apostés pussent s’emparer d’Elena sans redouter l’opposition des respectables religieux qui l’entouraient.

Cette déposition ayant été recueillie par le greffier et signée par l’inquisiteur et les deux officiers du tribunal, Vivaldi vit son innocence proclamée par l’homme même qui l’avait précipité dans de si grands dangers. Et le marquis, impatien