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es traits ?

Le marquis, ayant dévisagé le père Zampari, répondit :

— Oui, en effet, c’est une figure qu’on n’oublie pas aisément. Je me souviens de l’avoir vu plus d’une fois.

— Où l’avez-vous vu, monsieur le marquis ?

— Chez moi, au palais, amené par vous-même.

— Cela est vrai, dit Schedoni.

— Comment osez-vous donc l’accuser de calomnie, reprit le marquis, quand vous avouez que c’est vous qui l’avez introduit chez moi ?

— Ô ciel ! s’écria Vivaldi. Ce moine, ce père Zampari est donc, comme je le soupçonnais, le calomniateur d’Elena ?

Le père Zampari, loin de nier le fait, attachait impudemment un regard triomphant sur Schedoni, comme pour le défier de produire contre lui un chef d’accusation dont il ne fût pas complice lui-même.

— Eh quoi ! poursuivit le jeune homme en s’adressant à Schedoni dans un élan de généreuse indignation, eh quoi, vous avouez que vous êtes vous-même le premier auteur de ces infâmes calomnies, vous qui naguère vous êtes déclaré le père d’Elena !…

À peine eut-il laissé échapper ces derniers mots qu’il eût voulu les retenir. En effet, il vit le marquis pâlir. Jusque-là il avait évité de lui apprendre qu’Elena avait été reconnue pour la fille de Schedoni. Il comprit qu’une découverte si brusque en un tel moment pouvait renverser ses espérances et dégager le marquis de la promesse qu’il avait faite à sa femme mourante. L’étonnement du marquis peut aisément