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Ferando de Marinella, depuis la mort de son frère et jusqu’à l’assassinat de la comtesse, avait vu s’accroître encore le désordre de ses affaires, de sorte qu’après sa fuite, les revenus des débris de son patrimoine furent saisis par ses créanciers. C’est ainsi qu’Elena se trouva complètement à la charge de sa tante dont la fortune modique avait déjà été ébréchée par la dot payée pour sa sœur au couvent de San Stefano et par l’acquisition de la villa Altieri.

Devenue sœur Olivia et consacrant sa vie aux pratiques de la religion, la comtesse avait passé assez paisiblement les premières années de sa retraite, malgré les regrets que causait à sa tendresse maternelle la privation des caresses de sa fille. Elle entretenait cependant une correspondance avec sa sœur, et elle y puisait quelque consolation, jusqu’au jour où le silence de la signora Bianchi lui causa de cruelles larmes. Plus tard, lorsqu’elle vit Elena au couvent de San Stefano, elle fut frappée d’une certaine ressemblance entre cette jeune fille et son premier mari ; mais comment supposer, vu les circonstances dont s’accompagnaient cette rencontre, que cette étrangère pût être sa fille ? Le surnom de Rosalba avait aussi donné le change à ses idées. Que se fût-il passé dans son âme si on lui eût dit que sa généreuse pitié pour une inconnue deviendrait le salut de sa propre fille !… car il est digne de remarque que les vertus de sœur Olivia, inspirées par l’humanité, l’avaient portée à protéger sans le savoir la liberté et la vie de son enfant, tandis que les vices de Schedoni l’avaient poussé aussi sans qu’il le sût à faire périr sa nièce ; si bien que le ciel semblait faire tourner au