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muette, la pressa de lui expliquer la cause de son désespoir.

— J’ignore, dit sœur Olivia, comment ce portrait est tombé entre tes mains ; mais, encore une fois, c’est celui du comte Ferando de Marinella, frère de mon époux et mon…

Elle voulait dire : « et mon second mari ». Mais ce mot ne put sortir de sa bouche.

— Je ne saurais, continua-t-elle, en dire davantage en ce moment. Ce qu’il faut d’abord, c’est trouver un moyen d’éviter l’entrevue que tu m’as ménagée et cacher à cet homme, s’il est possible, que j’existe encore.

Comme elle achevait ces mots, le messager revint avec la lettre. Le père Schedoni, lui avait-on dit, était en pèlerinage, prétexte que les moines de Spirito Santo donnaient à son absence pour sauver l’honneur de leur couvent et cacher son arrestation. Sœur Olivia, affranchie de ses craintes, promit à Elena de lui donner des détails sur sa famille. Mais ce ne fut qu’au bout de quelques jours qu’elle se trouva assez maîtresse d’elle-même pour rassembler tous ses souvenirs. La première partie de son récit concordait parfaitement avec la déposition du père Ansaldo ; mais ce qui va suivre n’était connu que d’elle-même, de sa sœur, la signora Bianchi, d’un médecin et d’un domestique de confiance qui l’avait aidée dans l’exécution de son plan.

On a vu plus haut que le comte Ferando de Marinella, devenu comte de Bruno par le meurtre de son frère, avait fui aussitôt après celui de sa femme. La malheureuse comtesse, privée de sentiment, fut transportée