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par le récit des derniers moments du comte de Bruno, son époux, Elena, pour la convaincre, rappela quelques circonstances de sa dernière entrevue avec Schedoni et prit dans un tiroir le portrait qu’il lui avait dit être le sien. Mais sœur Olivia y eut à peine jeté un coup d’œil qu’elle pâlit et tomba sans connaissance.

Les soins empressés de sa fille lui rendirent bientôt l’usage de ses sens, et elle demanda à revoir le portrait. Elena, qui attribuait cet évanouissement au saisissement de la surprise et de la joie, lui remit l’image sous les yeux, en l’assurant de nouveau, non seulement que le comte vivait, mais encore qu’il était à Naples et qu’elle le reverrait sans doute avant la fin de la journée. Car, dit-elle, elle avait envoyé un messager à son père pour le conjurer de venir sur-le-champ afin de jouir du bonheur de se retrouver en famille.

En annonçant à sa mère la prochaine arrivée de Schedoni, Elena s’attendait à voir sur la physionomie de celle-ci une expression de joie et de tendresse ; quel ne fut pas son étonnement quand elle n’y lut que le désespoir et l’effroi et qu’elle entendit sa mère s’écrier avec épouvante :

— S’il me voit, je suis perdue ! Ah ! malheureuse Elena, ton imprudence me sera fatale. Ce portrait n’est pas celui du comte de Bruno, mon mari et ton père ; c’est celui de son frère Marinella, l’homme cruel qui…

Elle s’arrêta, craignant d’en avoir trop dit ; mais Elena, que la surprise avait d’abord rendue