revu sa figure depuis ce jour-là. Et je dois dire franchement que je ne m’en souciais guère, tant elle m’a paru peu aimable.
Tandis que Béatrice parlait, sœur Olivia, qui s’était levée à demi de son siège, la considérait avec une grande attention.
— Assurément je connais cette voix, dit la religieuse vivement émue, quoique je ne reconnaisse pas bien les traits. Est-ce elle ? Est-il possible ? Est-ce Béatrice Olca à qui je parle après tant d’années ?
Béatrice répondit avec une égale surprise :
— Oui, c’est moi, madame, vous dites bien mon nom. Mais, vous, qui donc êtes-vous ?
La vieille femme, en parlant ainsi, tenait les yeux attachés sur sœur Olivia. L’étonnement et l’effroi se peignaient sur ses traits, cependant que le visage de la religieuse changeait d’expression à chaque instant et que les paroles prêtes à sortir expiraient sur ses lèvres tremblantes.
— Ah ! s’écria Béatrice, mes yeux me trompent-ils ? Quelle étrange ressemblance, sainte Vierge ! J’ai peine à me soutenir…
Sœur Olivia, qui s’était tournée vers Elena et la regardait fixement, parut en proie à un sentiment profond, comme si elle hésitait entre un doute ou une espérance. Montrant la jeune fille, elle murmura d’une voix sourde et à peine articulée :
— Béatrice, je vous en conjure, dites-moi si elle est… si c’est elle qui…
Et elle ne put achever.
Béatrice, occupée à la considérer, s’écria au lieu de lui répondre :
— Madame la comtesse !