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entendit la même voix prononcer son nom avec un mélange d’impatience et de tendresse ; elle courut et se trouva dans les bras de sœur Olivia ! Elle en croyait à peine ses sens et manquait de mots pour exprimer sa joie à la vue de la bonne religieuse à qui elle devait son salut, et qui venait partager son asile. Sœur Olivia rendait caresses pour caresses à sa jeune amie, et toutes deux se faisaient mille questions sur les événements qui avaient suivi leur séparation ; mais, comme elles étaient environnées de trop d’auditeurs pour des confidences si délicates, Elena conduisit la nouvelle arrivée dans sa chambre. Là, sœur Olivia lui expliqua les motifs qui lui avaient fait quitter San Stefano.

En butte aux persécutions de l’abbesse qui la soupçonnait d’avoir favorisé la fuite d’Elena, elle avait demandé à l’évêque diocésain d’autoriser de passer dans le couvent de la Pietà. Elena ne manqua pas de s’informer avec une vive sollicitude du sort de Geronimo et du vieux moine qui l’avaient aidée à fuir, et elle fut heureuse d’apprendre que ni l’un ni l’autre n’avaient été inquiétés pour cette généreuse action.

— C’est un parti grave et que l’on prend rarement, dit sœur Olivia, que de changer de couvent, surtout à mon âge. Je n’ai pas besoin de vous exprimer le bonheur que j’éprouve à me retrouver avec vous. Les manières aimables de votre abbesse et de vos sœurs et leur bienveillant accueil m’ont ranimée. La couleur sombre sous laquelle tout se peignait à mes yeux a disparu et, après tant d’orages, j’entrevois dans le lointain quelques rayons de bonheur