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C’était cette même maison en ruine où Elena avait été conduite.

« Instruit de l’itinéraire de son frère, Marinella en donnait de temps en temps des nouvelles à Spalatro. Il le prévint que le comte de Bruno traverserait à son retour la mer Adriatique, de Raguse à Manfredonia. Spalatro l’attendit au passage, à l’entrée de la forêt du Gargano, et, avec l’aide d’un autre scélérat, il fit feu sur lui et sur sa suite, qui consistait en un domestique et un guide du pays. Celui-ci s’enfuit. Le comte et son valet tombèrent criblés de blessures ; les assassins commencèrent par les enterrer sur le lieu même. Mais une défiance craintive, compagne ordinaire du crime, suggéra à Spalatro de nouvelles précautions à prendre contre la trahison de son complice. Il retourna seul dans la forêt pendant la nuit, déterra ces corps sanglants, les apporta successivement chez lui dans un sac – c’est là ce que le pêcheur avait vu – et déplaça ainsi les preuves qui auraient pu mettre la justice sur les traces de l’assassinat. Marinella imagina ensuite une histoire assez vraisemblable d’un naufrage sur la côte de l’Adriatique, dont son frère aurait été victime avec tout l’équipage. Et comme personne d’autre que les assassins n’était instruit de son genre de mort et que le guide qui s’était enfui ne connaissait même pas le nom du comte de Bruno, il ne resta pas un seul indice du crime, ni un seul doute sur le récit du naufrage imaginé par Marinella. Cette histoire ne trouva donc que des oreilles crédules ; la veuve du comte elle-même y ajouta foi. Et si plus tard, après le second mariage auquel