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la voix de Sacchi, plaintive et suppliante. J’écoutai et j’en entendis assez pour m’enflammer d’un violent désir de vengeance. Je me contins cependant et me glissai jusqu’à une porte vitrée d’où l’on pouvait voir l’appartement. Le traître était à ses pieds ! Je ne sais si elle avait entendu mes pas ou si elle voulait le repousser, mais je la vis se lever de son siège. Aussitôt, sans m’arrêter à chercher ou à demander une explication, je saisis mon stylet et m’élançai dans la chambre, décidé à percer le cœur de mon rival. Il eut le temps de s’échapper dans le jardin, et je ne le revis jamais.

« – Et votre femme ? lui demandai-je.

« – Elle reçut le coup de poignard destiné à son amant, me répondit le pénitent.

« Et maintenant, mes révérends pères, jugez de ce que je dus ressentir à cet aveu ! L’amant de la femme qu’il venait se confesser à moi d’avoir assassinée… c’était moi !

Un mouvement d’horreur parcourut la salle.

— Était-elle innocente ? s’écria Schedoni, comme malgré lui.

Au son de cette voix, le pénitencier se tourna vivement du côté de Schedoni. Il y eut un moment de silence, pendant lequel il tint les yeux fixés sur lui. À la fin, il éleva la voix et dit solennellement :

— Oui, elle était innocente.

Schedoni, après cette vive apostrophe qui lui était échappée, avait apparemment repris son calme. Un murmure s’éleva parmi les membres du tribunal, et l’inquisiteur ordonna au greffier de prendre note de