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passion voulait être assouvie. Je l’enlevai de chez elle ; alors, redoutant le scandale, elle se décida à m’épouser pour sauver son honneur. Hélas ! j’avais cherché mon bonheur dans le crime, mais je ne l’y trouvai pas. Cette femme, dont la possession me coûtait si cher, ne daignait même pas me cacher son mépris ! Irrité de ce traitement, j’en vins à supposer qu’un autre attachement était la cause de son aversion pour moi et la jalousie vint mettre le comble à mes tourments en m’exaltant jusqu’à la frénésie !

« Le pénitent, ajouta le père Ansaldo, parut en ce moment possédé de cette frénésie dont il parlait ; des soupirs convulsifs entrecoupaient ses paroles ; puis il reprit ainsi :

« – Ma jalousie rencontra bientôt son objet. Parmi le petit nombre de personnes qui nous rendaient visite à la campagne où nous nous étions retirés, je remarquai un gentilhomme, nommé Sacchi, qui me parut épris de ma femme. Je crus voir aussi, à l’accueil aimable qu’elle lui faisait, que ce gentilhomme ne lui déplaisait pas ; elle paraissait goûter sa conversation et quelquefois même elle affectait de lui marquer ses préférences. Peut-être cette conduite n’était-elle inspirée que par le désir de me punir de mes torts envers elle en excitant ma jalousie ; peut-être ai-je interprété son irritation contre moi dans le sens de son amour pour lui. Quoi qu’il en soit, ma fureur, juste ou non, devait lui être fatale. Un soir que je rentrais chez moi sans y être attendu, on me dit que ce gentilhomme était avec ma femme. En approchant de l’appartement où ils se trouvaient tous les deux, j’entendis