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ici quelque secret artifice.

Et vous, Vincenzo de Vivaldi, si vous avez avancé un mensonge, tremblez.

Après une courte consultation entre tous les membres du tribunal, le grand inquisiteur donna l’ordre de faire comparaître les gardiens qui, la nuit précédente, avaient veillé autour de la chambre du prisonnier. Tous déclarèrent sans hésitation que personne n’était entré dans la prison depuis l’heure où Vivaldi y avait été reconduit jusqu’au lendemain matin. Entre cette affirmation et le témoignage du jeune homme qui paraissait sincère, les juges demeuraient plus incertains que jamais. L’accusé, pour donner plus de foi à ses paroles, crut devoir entrer dans des détails circonstanciés sur l’extérieur, la physionomie et le costume du moine Un profond silence accueillit cette description ; enfin l’inquisiteur dit d’un ton imposant :

— Nous avons écouté attentivement votre déposition, et nous prendrons des renseignements ultérieurs. Retirez-vous en paix ; bientôt, vous en saurez davantage.

Vivaldi fut reconduit, les yeux toujours couverts, dans la prison où il avait cru ne jamais rentrer et, quand on lui retira son voile, il s’aperçut que ses gardes étaient changés. Il attendit la nuit avec anxiété, craignant et désirant à la fois l’apparition mystérieuse qui semblait disposer de sa destinée. Mais la nuit se passa tranquillement et, vers le matin, Vivaldi se laissa aller à un sommeil profond qui ne fut troublé par aucun rêve.