Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne où vous avez été conduit hier ; mais, quelque chose que vous y voyiez, ne vous laissez pas intimider. Je serai là, moi aussi, quoique invisible peut-être.

— Invisible !

— Ne m’interrompez pas. Mais écoutez bien ceci : lorsqu’on vous demandera ce que vous savez du père Schedoni, dites hardiment qu’il vit depuis quinze ans, sous le froc religieux, dans le couvent des dominicains de Spirito Santo à Naples ; que son vrai nom est Ferando de Marinella, comte de Bruno. On vous demandera alors le motif de son déguisement ; vous répondrez en renvoyant au monastère des Pénitents Noirs de Santa Maria del Pianto, et vous sommerez les inquisiteurs de mander à leur tribunal le père Ansaldo, grand pénitencier de l’ordre, et de lui ordonner de révéler les crimes dont il a reçu l’aveu au confessionnal le soir du 24 avril 1752, veille de la Saint-Marc.

— Quoi ! s’étonna Vivaldi. Est-il croyable que ce religieux ait conservé ses souvenirs après tant d’années ?

— N’en doutez pas, répliqua l’étranger.

— Mais sa conscience lui permettra-t-elle de trahir le secret de la confession ?

— L’Inquisition lie et délie sur la terre. Si le saint tribunal lui ordonne de parler, la conscience du révérend père sera déchargée et il ne pourra se dispenser d’obéir. Ferez-vous ce que je vous dis ?

— Comment le puis-je ? demanda Vivaldi. Ma conscience et la prudence me défendent également d’affermir ce que je ne saurais prouver. Schedoni, il est vrai, est mon ennemi, mon plus