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glisser dans les ténèbres. Des instruments dont il ne comprenait pas l’usage frappaient ses regards inquiets et troublés. Il entendait toujours des gémissements douloureux et cherchait des yeux les malheureux à qui on les arrachait lorsqu’une voix, qui partait de l’extrémité de la salle, lui ordonna d’avancer.

La distance et l’obscurité ne lui permettant pas de distinguer le point précis d’où venait cet ordre, il hésitait à obéir ; mais on le saisit par le bras et on le poussa en avant. Il aperçut alors, sur une estrade élevée de quelques marches, trois personnes assises sous un dais drapé de noir, et qui paraissaient être là pour présider à la torture. Devant elles, et un peu au-dessous, siégeait un greffier, éclairé d’une lampe Vivaldi comprit que les trois juges étaient : le grand inquisiteur, le procureur général de l’Inquisition, et un inquisiteur ordinaire qui paraissait plus ardent que les deux autres à remplir ses cruelles fonctions. À quelque distance de la table, était une grande machine en fer, que Vivaldi supposa être un chevalet, et, tout à côté, une autre machine ressemblant à un cercueil. Heureusement, il ne distingua dans l’obscurité aucune créature humaine soumise à ce moment à la question. Mais c’était sûrement dans une salle voisine qu’étaient exécutées les terribles sentences des inquisiteurs car, toutes les fois qu’une certaine porte s’ouvrait, les gémissements et les cris redoublaient de force, et l’on voyait aller et venir des hommes fort occupés, vêtus de noir comme les autres.

Le grand inquisiteur appela Vivaldi par son nom