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même, comme si elle eût eu la prescience d’un grand malheur, elle s’appliquait à envisager avec résignation la nécessité qui pourrait se présenter de prendre ce parti extrême. En tout cas, si l’état de religieuse devait être un jour son refuge, ce ne pouvait être que de son libre choix ; car l’abbesse de la Pietà n’employait aucun artifice pour gagner des novices à Dieu et ne souffrait pas que ses religieuses eussent recours à la contrainte ou à la séduction.


Pendant que se passaient les événements que nous venons de rapporter, Vivaldi et son domestique Paolo étaient prisonniers de l’Inquisition, chacun dans une chambre à part. On avait interrogé Paolo séparément ; mais on n’avait pu tirer de lui aucune révélation : il protestait toujours de l’innocence de son maître, sans même avoir l’idée de parler de la sienne. Vivaldi, appelé de nouveau devant le tribunal, eut à subir un nouvel interrogatoire plus détaillé que le premier. Les inquisiteurs étaient plus nombreux cette fois ; et tout l’art imaginable fut employé pour lui arracher l’aveu des crimes qu’on lui imputait et d’autres encore sur lesquels la dénonciation ne portait pas. Ses réponses furent concises et fermes et son attitude, courageuse. Il éprouvait moins de crainte pour lui-même que d’indignation contre l’injustice et de révolte contre la cruauté