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comme auparavant, en lui laissant croire qu’elle avait renoncé à poursuivre Elena.

Cependant l’objet de tant de passions contraires, la pauvre Elena, docile aux ordres de Schedoni, quitta la villa Altieri, le lendemain de son arrivée, et se rendit au couvent de la Pietà. L’abbesse la reçut avec autant de joie et d’empressement qu’elle avait ressenti de peine à la nouvelle de son enlèvement. Si les soins et les attentions d’une amitié délicate avaient pu rendre le calme à son âme, la jeune fille se serait presque trouvée heureuse au sein de cette communauté qui se distinguait de la plupart des autres par la paix et l’harmonie qu’y maintenait la sagesse de la supérieure. Cette femme était un modèle de l’influence qu’une âme élevée peut exercer et de l’étendue du bien qu’elle peut faire. Le couvent qui l’avait à sa tête paraissait n’être qu’une grande famille dont elle était la mère, plutôt qu’une réunion de personnes étrangères les unes aux autres.

La situation de la maison n’offrait pas moins d’attrait que l’intérieur de la communauté. C’était un vaste domaine planté d’oliviers et de vignobles, où se voyaient aussi des jardins d’agrément qui occupaient le penchant d’un coteau, sur une étendue de près d’un mille, et descendaient en amphithéâtre jusqu’au village. Ils dominaient le golfe de Naples et les campagnes qui le bordent. Une terrasse, ombragée d’acacias et de platanes, était la promenade favorite d’Elena. De là, elle pouvait contempler la villa Altieri, évoquant sa bonne tante la signora Bianchi, et les douces heures qu’elle y avait passées près d’elle et de Vivaldi. Là,