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cette occasion, puisque vous venez de me donner la preuve que vous en avez manqué dans une autre.

Elle voulut ensuite détourner la conversation ; mais Schedoni, craignant qu’elle ne s’affermît dans ses soupçons sur le refuge choisi par Elena, s’efforça de lui donner le change à ce sujet. Non seulement il nia le fait de sa résidence au couvent de la Pietà, mais encore il assura hardiment qu’elle était à quelque distance de Naples dans un monastère qu’il désigna sous un nom supposé, maison si peu connue, ajouta-t-il, qu’elle s’y trouverait à l’abri de toutes les poursuites de Vivaldi.

— Vous avez raison mon père, dit ironiquement la marquise, il sera difficile à mon fils de découvrir cette fille dans le lieu que vous venez de nommer.

Après avoir échangé encore quelques paroles banales avec sa pénitente, le confesseur la quitta pour retourner à Naples. Chemin faisant, il repassa dans son esprit tous les détails de leur entretien, et la conclusion de cet examen fut la résolution qu’il prit de ne plus revenir sur ce sujet et de célébrer au plus vite, à l’insu de la marquise, le mariage des deux jeunes gens.

De son côté, la marquise, après le départ de Schedoni, demeura absorbée dans ses réflexions. Ce changement si prompt survenu dans la conduite et les paroles du moine ne laissait pas que de l’inquiéter. Elle en cherchait vainement l’explication. Voyant bien qu’elle ne pouvait plus avoir confiance en lui pour cette affaire, elle résolut, comme lui, de ne plus toucher à ce sujet de conversation dans leurs entrevues, mais de se conduire à son égard