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hasarda encore quelques mots sur l’attachement de Vivaldi pour Elena, en essayant de plaider leur cause. La marquise parut d’abord ne pas l’écouter ; puis, sortant de sa rêverie :

— Mon père, dit-elle, c’est, selon moi, un mauvais calcul que d’avoir placé cette jeune fille dans un lieu où son amant ne peut manquer de la découvrir.

— En quelque endroit qu’elle soit, répondit Schedoni, qui sentit l’intention interrogative de cette phrase, il sera difficile en effet de la lui cacher longtemps.

— Il fallait au moins, reprit la marquise, la tenir plus éloignée de Naples.

Et comme le moine ne répondait rien, elle ajouta :

— Car il n’y a pas grande distance, n’est-il pas vrai, du palais Vivaldi au couvent de la Pietà ?

Quoique le confesseur pensât bien qu’elle feignait d’être instruite du lieu de la retraite d’Elena pour tirer de lui cette révélation, il ne put s’empêcher de tressaillir. Mais il se remit aussitôt et répliqua :

— J’ignore à quelle distance est la maison dont vous parlez ; je n’en connaissais même pas l’existence. Il paraît cependant, d’après ce que vous me dites, que cette communauté serait très près d’ici. Dès lors on a dû l’éviter plus que tout autre. La plus simple prudence en faisait une loi.

Pendant qu’il parlait, la marquise l’observait attentivement, sans pouvoir surprendre sur ses traits ni dans son accent aucun indice de dissimulation.

— Mon père, reprit-elle, je suis peut-être excusable de me défier de votre prudence dans