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— Sauver les jours !… répéta la marquise. Expliquez-vous, mon père.

— Elle vit, madame, répondit Schedoni avec effort. Cependant vous n’avez plus rien à craindre d’elle.

— Vos réponses sont des énigmes, mon père, reprit la marquise avec impatience. Cette fille existe, dites-vous ? Soit, j’entends cela ; mais quand vous ajoutez que je n’ai rien à craindre…

— Je dis aussi la vérité, madame, et la bonté de votre cœur doit applaudir que la miséricorde ait pu se concilier avec la justice.

— Voilà des sentiments, dit la marquise en trahissant son irritation, qui peuvent être bien placés en de certaines circonstances. Ce sont de ces habits de fête que l’on endosse quand le temps est beau ; mais ici l’horizon est chargé de nuages ; la simplicité est de mise, et je ne veux me revêtir que de raison et de bon sens. Faites-moi connaître ce qui a amené ce changement dans vos résolutions, et venons-en au fait, je vous prie.

Schedoni exposa alors avec toute l’adresse possible, et sans se trahir lui-même, toutes les circonstances capables de relever la famille d’Elena et d’affaiblir la répugnance de la marquise pour le mariage que son fils avait voulu contracter, espérant l’amener ainsi à consentir à cette union Il joignit à ces révélations un récit, habilement arrangé, de la manière dont il avait découvert la nouvelle situation des choses. La marquise, ayant peine à se contenir, attendait impatiemment que Schedoni eût fini de parler.