Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/217

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Dangereusement ?

— Mortellement peut-être. Il sera allé mourir dans quelque coin de ces ruines.

Elena crut remarquer alors comme un sourire indéfinissable sur la figure de Schedoni. Était-il possible qu’un religieux se réjouît à l’idée de la mort d’un homme ? Mais le guide bavard ne lui laissa pas le temps de s’abandonner à ses réflexions.

— Ce Spalatro, continua-t-il, est un coquin qui aurait mérité une fin moins honnête.

— Tu le connais ? demanda vivement Schedoni. J’avais cru que tu n’avais avec cet homme-là aucune relation.

— Oui et non, dit le paysan. Mais j’en sais plus long qu’il ne pense sur son compte.

— Ah ! fit le confesseur, non sans un certain frémissement. Tu parais bien instruit des affaires des autres.

— Cet homme vient quelquefois au marché de notre ville, répliqua le paysan, et pendant longtemps personne n’a su d’où il venait. Mais on s’est mis sur sa piste et l’on a découvert sa demeure. Une maison au bord de la mer, qui était restée longtemps fermée, et où il s’était passé autrefois d’étranges choses !…

La curiosité d’Elena était vivement excitée. Voyant que Schedoni, distrait en apparence, n’insistait pas pour faire parler le paysan, elle le pressa elle-même de s’expliquer. Il ne demandait pas mieux.

— Il y a déjà bien des années, dit-il, une nuit orageuse du mois de décembre, Marco Torma était allé pêcher. Marco, signora, était un brave