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de ce paysan qui se mit à raconter de terribles histoires sur des meurtres commis dans ces forêts. Schedoni, absorbé dans ses rêveries, ne semblait pas l’entendre ; Elena n’y fit pas d’abord grande attention non plus, mais, lorsqu’elle fut entrée dans une partie plus épaisse de la forêt et dans un défilé étroit pratiqué entre deux rochers, elle commença à ressentir quelque crainte. Aucun objet vivant ne se montrait dans les détours du chemin ; mais, comme elle regardait souvent en arrière, elle crut apercevoir un homme qui les suivait et qui tout à coup s’arrêta et se glissa derrière les arbres. Il lui sembla reconnaître Spalatro ; mais Schedoni, à qui elle communiqua ses soupçons, les taxa d’alarmes imaginaires. Ils arrivèrent bientôt à une ville où le religieux se procura un habit séculier pour continuer son voyage. Là, ils étaient encore à quelques journées de Naples. La route qu’ils prirent pour s’y rendre était tracée sur des bruyères désertes. Durant toute la matinée, ils n’avaient pas rencontré un seul voyageur ; et l’après-midi était déjà fort avancé quand le guide leur montra dans l’éloignement les murailles d’un édifice grisâtre situé sur le penchant d’un coteau. Ils s’en approchèrent, espérant trouver là quelque couvent hospitalier, mais ils n’aperçurent que les ruines d’un ancien château qui leur parut inhabité. Les voyageurs s’arrêtèrent donc dans la cour où, assis à l’ombre des palmiers, sur les débris d’une fontaine de marbre, ils se partagèrent quelques provisions tirées de la valise du guide. Elena, pendant ce frugal repas, contemplait les restes d’une tour écroulée, lorsque dans une sorte