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partie de la troupe emmenait Elena sur les bords de l’Adriatique.

Schedoni s’était fort applaudi de ces heureux artifices par lesquels, en jetant un voile impénétrable sur le sort de la jeune fille, il se mettait lui-même à l’abri des soupçons et de la vengeance de Vivaldi.

L’embarras du moment était de faire revenir Elena à Naples, car il ne pouvait l’y ramener lui-même puisqu’il ne voulait pas l’avouer pour sa fille. Et, d’un autre côté, à qui aurait-il pu la confier sûrement ?…

Cependant le jour commençait à paraître. Il se détermina à conduire Elena jusqu’à la première ville, quitter à aviser ensuite. Il délivra Spalatro et lui ordonna d’aller chercher des chevaux et un guide au village voisin. Puis, il s’achemina vers la chambre de la jeune fille pour la préparer au départ. En approchant de cette chambre, le souvenir de l’affreux projet qui l’avait conduit la veille par ce même passage et par ce même escalier excita en lui tant d’émotion qu’il ne put aller plus loin et que, revenant sur ses pas, il prit un autre corridor pour se rendre chez Elena. C’est d’une main tremblante qu’il ouvrit la porte ; toutefois, en entrant, il reprit tout son empire sur lui-même. Elena de son côté, fort agitée en le revoyant, vint à sa rencontre, le sourire sur les lèvres, mais l’inquiétude dans le cœur. Il lui tendit affectueusement la main ; mais, tout à coup, apercevant le stylet qu’il avait oublié dans la chambre, il s’arrêta court et pâlit. Elena, portant les yeux sur l’objet qui fixait l’attention du moine, le prit et le lui présenta en disant :