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sous prétexte qu’il valait mieux ensevelir dans le silence les malheurs et la ruine de sa famille. C’est tout ce qu’elle avait pu tirer de la bouche de la pauvre signora qui, se ravisant à ses derniers moments, avait voulu lui en apprendre davantage ; mais la mort avait prévenu ses confidences. Quant au père d’Elena, il était mort, assurait-on, quand elle était encore enfant. Le médaillon que la jeune fille portait maintenant au cou figurait parmi les bijoux laissés par la comtesse et devait être remis, plus tard, à l’orpheline, en même temps qu’elle apprendrait l’histoire de sa famille. Elena l’avait trouvé dans le cabinet de sa tante.

Quoique le récit de Schedoni concordât sur presque tous les points avec le peu qu’elle savait de son père, la jeune fille ne pouvait revenir de son étonnement, et quelques doutes subsistaient encore dans son esprit. D’un autre côté, lorsqu’elle eut repris un peu de calme, elle en revint à chercher quel motif avait conduit Schedoni chez elle au milieu de la nuit. Aux récits et au portrait que Vivaldi lui avait faits, elle avait tout de suite reconnu le moine pour l’agent de la marquise et le persécuteur de leurs amours ; mais, rejetant des suppositions trop pénibles, elle aimait à se persuader que si Schedoni, ne la connaissant pas, avait voulu aider la marquise à l’éloigner de Vivaldi, il avait changé de sentiments depuis qu’il avait soupçonné les liens de paternité qui l’unissaient à elle et qu’alors, impatient d’éclaircir la vérité, il s’était introduit chez elle sans tenir compte ni du lieu ni de l’heure. Tandis qu’elle apaisait ses craintes par ces explications, plus ou moins vraisemblables, elle aperçut à terre une pointe de