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errogeait sur ce point. Elle risqua cependant une autre question de la dernière importance : elle le pressa de lui dire sur quels motifs il se fondait pour affirmer qu’elle était sa fille, en lui faisant observer que jusqu’alors il n’en avait donné aucun. Schedoni lui répondit d’abord avec une effusion chaleureuse, inspirée par les sentiments qui débordaient dans son âme ; puis, lorsqu’un peu plus de calme lui permit de mettre de l’ordre dans ses idées, il rappela plusieurs faits qui prouvaient au moins qu’il avait eu des relations intimes avec la famille d’Elena, et d’autres encore qu’elle croyait connus seulement d’elle-même et de sa tante, la signora Bianchi. Dès lors, elle ne pouvait plus douter qu’elle et Schedoni n’appartinssent à la même maison.

La situation toute nouvelle où se trouvait Schedoni, son bouleversement, ses remords, l’horreur qu’il avait de lui-même, les premiers mouvements de l’amour paternel, cette foule de sentiments qui l’assaillaient à la fois, lui firent désirer la solitude. Convaincu désormais qu’Elena était sa fille, il l’assura que dès le lendemain il la ferait sortir de cette maison pour la ramener chez elle. Après quoi, il quitta la chambre brusquement.

Comme il descendait l’escalier, il aperçut Spalatro qui venait à sa rencontre, portant le manteau dont il devait envelopper le corps sanglant d’Elena pour le jeter à la mer.

— Est-ce fait ? demanda le bandit à demi-voix. Me voici.

Et déployant le manteau, il mit le pied sur les premières marches.