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dit Bonarmo.

Tous deux se levèrent et quittèrent l’orangerie pour se rapprocher de la maison. Placés sous la fenêtre où Vivaldi avait vu Elena la nuit précédente, ils accordèrent leurs instruments et entamèrent la sérénade par un duo des plus mélodieux. Vivaldi avait une belle voix de ténor et donnait à son chant l’expression la plus pathétique, son âme respirait dans ses accents passionnés ; mais il ne put juger de l’effet qu’il avait produit, car la maison resta plongée dans le silence et l’obscurité. Seulement, dans un intervalle de leurs accords, Bonarmo crut entendre près de lui des gens qui parlaient avec une extrême précaution : il écouta plus attentivement ; mais il ne put s’assurer de la vérité. Vivaldi prétendit que ce murmure confus n’était que celui de la multitude répandue sur les quais de la ville. Ce qui le préoccupait en le décourageant, c’était l’inutilité de sa tentative ; il en éprouvait une douleur si vive que Bonarmo, redoutant les suites de son désespoir, essaya de le persuader qu’il n’avait pas de rival, et cela avec la même chaleur qu’il avait mise à lui affirmer le contraire. Enfin ils quittèrent le jardin, Vivaldi jurant sur l’honneur qu’il ne prendrait aucun repos avant d’avoir découvert cet inconnu qui troublait son bonheur, et de l’avoir forcé à expliquer le sens de ses mystérieux avis ; Bonarmo objectant les difficultés d’une telle recherche et l’éclat qu’elle ne manquerait pas d’amener, éclat fâcheux pour l’avenir d’un amour qu’il ne fallait point ébruiter ; mais Vivaldi résistait à toutes ces remontrances.

— Nous verrons, disait-il, si ce démon sous l’habit de moine osera de nouveau traverser mon chemin ; s’il paraît