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umière d’une lampe sur le visage de l’orpheline. Son sommeil était agité, des larmes coulaient de ses paupières et ses traits étaient légèrement altérés. Elle laissa même échapper quelques mots. Schedoni, craignant de l’avoir éveillée, recula vivement, cacha la lampe derrière la porte, et se retira lui-même derrière le méchant rideau qui pendait sur le lit. Toutefois, aux paroles sourdes et inarticulées que prononçait la jeune fille, il comprit qu’elle était toujours endormie. Mais chaque moment de retard augmentait son trouble et sa répugnance à frapper ; chaque fois qu’il se rapprochait, chaque fois qu’il se disposait à plonger le poignard dans le sein de sa victime, un frémissement d’horreur paralysait sa volonté. Étonné de ces nouveaux sentiments et se taxant lui-même de lâcheté, il repassait en esprit tous les arguments qui l’avaient décidé.

« N’ai-je pas bien pesé ma résolution ? se disait-il. Ne vois-je pas clairement la nécessité de l’exécuter ? Mon existence tout entière, ma situation, mes honneurs ne dépendent-ils pas d’un moment d’énergie ? Ai-je oublié d’ailleurs les insultes que j’ai reçues dans l’église de Spirito Santo ? »

Ce dernier souvenir le ranima, et la vengeance rendit la force à son bras. Baissant le mouchoir qui entourait le cou d’Elena, il allait frapper quand, tout à coup, un objet nouveau lui causa un saisissement étrange. Il resta quelque temps les yeux fixes, égarés, immobile comme une statue. Sa respiration devint haletante ; une sueur froide coula de son front ; toutes ses facultés parurent suspendues et le poignard tomba de sa main. Ayant un peu repris son s