Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

décisif ; mais en rassemblant ses idées dans le silence et la solitude, sous l’empire de sa passion dominante, il raffermit sa résolution et décida que cette nuit même, Elena, immolée pendant son sommeil, serait portée à la mer par un passage souterrain bien connu de lui, et ensevelie dans les flots.

Spalatro, ainsi qu’on l’a donné à entendre, avait été autrefois le confident de Schedoni qui, sachant bien qu’on pouvait se fier à lui, l’avait choisi pour instrument dans cette occasion. Le moine, qui éprouvait quelque répugnance à exécuter lui-même l’exécrable action qu’il avait résolue, avait mis la vie de la malheureuse Elena dans les mains de ce misérable, tenu au secret par sa complicité. La nuit était déjà assez avancée lorsque Schedoni, en proie à des réflexions tumultueuses, prit enfin sa dernière détermination. Ce fut alors qu’il appela Spalatro à voix basse pour l’instruire de ce qu’il avait à faire. Après avoir refermé la porte au verrou, oubliant sans doute qu’ils étaient tous deux seuls dans la maison, à l’exception de la pauvre Elena qui dormait dans la chambre au-dessus, Schedoni fit signe à Spalatro de s’approcher et lui dit à demi-voix :

— Y a-t-il un peu de temps que tu n’as entendu du bruit dans sa chambre ? Crois-tu qu’elle dorme à présent ?

— Elle n’a pas bougé depuis plus d’une heure, répondit Spalatro. J’ai fait le guet dans le corridor en attendant que vous m’appeliez et je l’aurais entendue au moindre mouvement, car on ne peut faire un pas sur ce vieux plancher sans qu’il crie.

— Écoute-moi donc, Spalatro. Je t’ai déjà éprouvé,