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il se livrait aux dépenses fastueuses, à la dissipation, à mille vains plaisirs qui épuisaient ses ressources. Lorsqu’il se mit à réfléchir sur sa situation, il était trop tard. Entraîné par des habitudes prises, incapable de se résigner à des privations, suites nécessaires de son imprévoyance, il résolut de recourir à tous les moyens pour reconquérir les jouissances qu’il était menacé de perdre. Il quitta son pays ; et l’on ne put savoir de quelle manière il vécut, jusqu’au jour où il parut dans le couvent de Santo Spirito à Naples sous le nom du père Schedoni. Sa physionomie et ses manières étaient aussi changées que son genre de vie. Ses regards étaient devenus sombres et sévères ; et l’orgueil qui y éclatait autrefois, adouci seulement par l’usage du monde, se masquait maintenant sous un air d’humilité profonde et parfois même sous le silence et les austérités de la pénitence. Toujours jaloux de distinctions, il conforma sa conduite extérieure aux formes et aux préjugés de la société dans laquelle il vivait ; il devint un des plus rigoureux observateurs de la règle monastique, un modèle de renoncement à soi-même, un martyr de la pénitence. Les anciens de la communauté le montraient aux plus jeunes comme un exemple qu’il était plus facile d’admirer que d’imiter. Mais, en dépit de cette admiration, ils n’éprouvaient aucune sympathie pour lui. Ils applaudissaient bien haut à une austérité qui donnait du relief à la sainte renommée de leur couvent, mais ils haïssaient Schedoni en secret et le redoutaient pour son orgueil et sa rigueur farouche. Il y avait déjà longtemps qu’il demeurait