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l’horizon éclairait la surface agitée de la mer. Elena contemplait le mouvement des vagues écumeuses qui, après s’être brisées sur le rivage, se retiraient au loin vers la masse des eaux pour revenir avec la même furie, toujours acharnées et toujours impuissantes. Ce spectacle de la nature donna quelque répit à ses sinistres préoccupations ; et le murmure monotone des flots berçant ses rêveries, elle se laissa aller à une sorte de calme, réaction naturelle après tant d’émotions, et se jeta de nouveau sur son matelas où la lassitude lui procura enfin quelques instants de sommeil.


Que se passait-il, pendant ce temps, dans le reste de la maison isolée ? Les gardiens qui avaient amené Elena étaient partis après une courte conférence avec Spalatro ; et c’était le bruit de leur voix qu’elle avait confusément entendu. Mais ce n’était pas entre les mains de son geôlier seul que l’orpheline était restée. Aux estafiers qui venaient de se remettre en route avait succédé un religieux, aussi sombre et silencieux que ceux-là étaient bruyants et animés. Il avait commencé par se retirer dans une chambre dont il avait fermé la porte au verrou, quoiqu’il sût bien qu’il n’y avait que lui et Spalatro dans la maison et que ce dernier n’eût osé se présenter à lui sans sa permission. Mais en s’isolant ainsi des hommes, il ne pouvait échapper à lui-même.