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elle était loin de se douter qu’il fût dans les cachots de l’Inquisition !

La fraude dont on avait usé envers elle, en empruntant pour l’enlever le nom du Saint-Office, lui fit penser que l’arrestation de Vivaldi n’était aussi qu’un moyen imaginé par la marquise pour le faire arrêter et détenir en lieu sûr jusqu’à ce qu’elle fût perdue pour lui. Elle se figurait qu’il avait été conduit dans quelque château écarté, appartenant à sa famille, et que la liberté lui serait rendue au prix du sacrifice de celle qu’il aimait. Cette idée fut la seule qui apportât quelque soulagement à ses douleurs.

Autant qu’elle put en juger, les gens d’en bas veillèrent fort tard, car elle crut distinguer des sons de voix étouffés qui se mêlaient au mugissement des vagues déferlant contre les rochers sur lesquels était bâtie la maison. À chaque bruit d’une porte roulant sur ses gonds, elle croyait entendre monter quelqu’un. À la fin, elle pensa que tout le monde était endormi, car le bruit des flots troublait seul le silence de la nuit. Heureusement, elle ne savait pas que sa chambre avait une porte secrète, ménagée de façon à pouvoir s’ouvrir sans bruit, et par laquelle un malfaiteur pouvait s’introduire à toute heure.

Persuadée que les hommes dans les mains de qui elle était tombée se livraient au repos, elle reprit quelque courage, mais sans pouvoir fermer l’œil. Quittant sa couche, elle se tint quelque temps auprès de la fenêtre, écoutant et guettant tous les bruits et toutes les ombres. La lune qui s’élevait sur