Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée

davantage.

Elena se soumit et profit du moment si court où elle restait seule pour explorer la chambre.

C’était une grande pièce sans meubles dont les murs étaient couverts de toiles d’araignée. Elle n’y aperçut qu’une porte, celle par laquelle elle était entrée, et une fenêtre garnie de barreaux de fer. Aucun moyen d’évasion. Elle s’assura en même temps avec effroi que la porte ne pouvait pas se fermer du dedans. Cet examen fait, elle posa la lampe à terre et attendit le retour de Spalatro. Il revint quelques instants après, lui apportant un verre de mauvais vin et un morceau de pain ; puis il la laissa dans l’obscurité et verrouilla la porte du dehors. Restée seule, elle essaya de calmer ses craintes par la prière et résolut de veiller toute la nuit. Elle se jeta tout habillée sur le matelas pour y attendre le jour et se livra bientôt aux réflexions les plus sombres. Tout ce qui s’était passé les jours précédents et la conduite de ses gardiens ne lui laissaient plus de doute sur le sort qui l’attendait.

Le caractère connu de la marquise, l’aspect et l’isolement de cette maison, l’air farouche de l’homme qui l’habitait, l’absence de toute personne de son sexe, autant de circonstances propres à lui persuader qu’on l’avait amenée là non pour l’y garder prisonnière mais pour l’y faire mourir. Tout son courage et sa résignation ne purent triompher du trouble et des terreurs dont elle était assaillie. Baignée de larmes, en proie à une agitation fébrile, elle appelait Vivaldi à son secours, Vivaldi à présent si loin d’elle ! Et en même temps elle s’écriait : « Je ne le verrai donc plus ! Je ne le reverrai jamais ! » Heureusement,