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d’une mine pâle et décharnée, dont la physionomie portait l’empreinte des passions les plus basses.

Elena frémit à sa vue. Du vestibule on la fit passer dans une vieille salle toute nue et toute dégradée dont la hauteur s’élevait jusqu’au toit, puis dans une mauvaise chambre à peine meublée et qui paraissait être celle de Spalatro – c’était là le nom que les gardes donnèrent à leur hôte.

Celui-ci jeta sur Elena un regard curieux, sournois, et fit quelques signes aux gardes. Puis il leur proposa de s’asseoir en attendant qu’il leur eût fait cuire un peu de poisson pour leur souper. Elena comprit alors que c’était le maître de la maison et qu’il y demeurait seul. L’idée d’avoir été amenée là, dans ce lieu isolé, au bord de la mer, pour être mise entre les mains d’un pareil homme, la frappa d’une terreur profonde, surtout quand elle se remémora toutes les circonstances de son enlèvement et ces paroles de ses gardes : « Vous serez bientôt au terme de votre voyage et en repos. » Un frisson d’horreur la saisit et elle s’évanouit.

En reprenant ses sens, elle se vit entourée de ces hommes à figures sinistres et fut tentée de se jeter à leurs pieds pour implorer leur compassion ; mais, craignant de les irriter en leur laissant deviner ses soupçons, elle se plaignit doucement de la fatigue et demanda sa chambre.

Spalatro, prenant une lampe, la conduisit dans une pièce délabrée où il lui dit qu’elle passerait la nuit.

— Où donc est mon lit ? demanda-t-elle.

On lui montra un méchant grabat au-dessus duquel pendaient deux rideaux déguenillés.