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un désespoir que son épuisement ne lui permettait plus d’exprimer. Surprise par la nuit, après une marche de quelques milles dans la forêt, ce ne fut qu’au bruit des vagues s’écrasant contre les rochers qu’elle s’aperçut qu’elle était au bord de la mer, jusqu’à ce que, se trouvant entre deux montagnes, elle distinguât, malgré l’obscurité, une vaste étendue d’eau formant au dessous d’elle une baie. Elle se hasarda alors à demander si elle devait s’embarquer et aller encore bien loin.

— Non, répondit brutalement un des gardes, vous n’avez plus loin à aller. Vous serez bientôt au terme de votre voyage et en repos.

Ils descendirent vers le rivage et s’arrêtèrent bientôt devant une habitation isolée, si proche de la mer que le pied en était baigné par les flots. À l’obscurité profonde et au silence qui y régnaient, elle semblait inhabitée. Les gardes avaient sans doute leurs raisons pour en juger autrement, car ils frappèrent à la porte et appelèrent de toutes leurs forces. Cependant personne ne répondait.

Elena examina la maison avec inquiétude, autant que l’obscurité le lui permettait. C’était une vieille construction assez singulière. Les murs étaient de marbre brut, assez élevés, et flanqués de petites tourelles dans les angles. Le bâtiment était abandonné et délabré. Une moitié de la porte gisait à terre, presque cachée sous l’herbe ; et l’autre, à demi suspendue à ses gonds, paraissait prête à s’en détacher. Enfin, aux cris répétés des gardiens d’Elena, une voix forte répondit du dedans. La porte du vestibule s’ouvrit lentement et donna passage à un homme