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dans une petite ville de la campagne romaine. Lorsqu’on repartit, Vivaldi remarqua avec surprise que ses gardiens n’étaient plus les mêmes, à l’exception de l’officier qui était demeuré près de lui dans la chambre de l’auberge. Le costume de ceux-ci était tout différent de celui des premiers ; leurs manières étaient moins brutales, mais leur physionomie révélait cette froideur sournoise et ce sentiment d’importance exagérée qui caractérisait les agents du Saint-Office. Vivaldi fut donc porté à croire que sa première arrestation avait été opérée par des coquins qui s’étaient donnés faussement pour des familiers du sacré tribunal et qu’en ce moment, pour la première fois, il se trouvait réellement entre les mains de l’Inquisition. Il était près de minuit quand les prisonniers entrèrent dans Rome. On était alors en plein carnaval. Le Corso, par lequel il fallut passer, était encombré de carrosses et de masques, de musiciens, de moines et de charlatans, illuminé par une multitude de flambeaux et retentissant du bruit discordant des voitures, de la musique, des quolibets et des éclats de rire d’un peuple joyeux se disputant les dragées qu’on lui jetait. Cruel contraste avec la situation de ce malheureux jeune homme arraché à ce qu’il aimait et livré à un tribunal dont les formes mystérieuses et terribles peuvent abattre les plus fermes courages. Après avoir quitté le Corso, la voiture suivit quelque temps des rues détournées et désertes, à peine éclairées par quelques lampes qui brûlaient devant l’image de tel ou tel saint ; elle traversa ensuite un grand espace nu, parsemé de vieilles ruines, où ne se montrait