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— Non ! s’écria Paolo, ce n’est pas lui, c’est moi qui ai frappé cet homme. Et si mes bras étaient libres, tout blessé que je suis, j’en ferais encore autant sur quelqu’un de vous.

— Tais-toi, mon cher Paolo, s’écria Vivaldi. C’est moi seul qui suis coupable. Et s’adressant à l’officier : Monsieur, reprit-il, je n’ai rien à dire pour ma défense, j’ai fait mon devoir ; mais elle, innocente, délaissée de tous, pouvez-vous, barbares, la voyant sans appui, la traîner dans vos cachots sur une dénonciation calomnieuse ?

— Monsieur, dit l’officier, notre pitié ne lui servirait à rien, il faut que nous fassions notre devoir. Que l’accusation soit fondée ou non, ce n’est pas à nous, c’est au tribunal qu’elle doit répondre.

— Mais quelle accusation ? demanda Elena.

— Celle d’avoir rompu vos vœux.

— Mes vœux ! s’écria-t-elle en levant les yeux au ciel.

— Infâme manœuvre ! dit Vivaldi. Je reconnais bien là l’infernale méchanceté de ses persécuteurs ! Ô chère Elena ! faut-il donc que je vous laisse en leur pouvoir ?

Il brisa ses liens et, se traînant vers elle, la pressa encore une fois entre ses bras. La jeune fille, incapable de proférer un mot, appuyée sur le sein de Vivaldi, ne put exprimer que par des larmes les angoisses de son cœur brisé. C’était un spectacle à attendrir les âmes les plus farouches, excepté les inquisiteurs. Vivaldi, épuisé par la perte de son sang et ne pouvant plus se soutenir, fut forcé d’abandonner une seconde fois sa bien-aimée.