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couvent de bénédictins, où il était logé. Il l’avait mis dans ses intérêts et voulait lui demander l’heure à laquelle il pourrait célébrer leur mariage avec le plus de mystère possible. Le vieux bénédictin lui répondit qu’après l’office du soir, il aurait quelques heures de liberté et qu’aussitôt le soleil couché, pendant que les religieux seraient au réfectoire, il se rendrait à la petite chapelle de Saint-Sébastien, située à peu de distance, sur les bords du lac, où il les marierait.

Vivaldi retourna voir Elena et lui fit part de cet arrangement. Il fut convenu qu’on se rendrait à la chapelle à l’heure indiquée. L’orpheline, qui avait confié son projet à l’abbesse, obtint d’elle qu’une sœur converse l’accompagnerait, et Vivaldi dut se tenir prêt à l’attendre en dehors du couvent pour la conduire à l’autel. La cérémonie achevée, ils devaient s’embarquer sur le lac et le traverser pour se rendre à Naples. Ils se séparèrent ensuite. L’un alla s’assurer d’une barque ; l’autre se retira pour faire ses apprêts de voyage.

Plus le moment approchait, plus Elena se sentait gagner par un étrange abattement. Elle ne pouvait se défendre de certains pressentiments douloureux ; et c’était d’un œil mélancolique qu’elle voyait le soleil disparaître derrière des nuages noirs et céder peu à peu la place à l’obscurité. Elle prit congé de l’abbesse qui l’avait accueillie avec une si cordiale hospitalité et, accompagnée de la sœur converse, elle sortit du couvent. À la porte, elle trouva Vivaldi qui lui offrit son bras, et tous deux s’acheminèrent en silence vers la chapelle de Saint-Sébastien. La scène était en harmonie avec l’état d’esprit d’Elena. Le ciel