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use. On verra cette âme mobile dominée ou abattue par un vain son ! Être faible et méprisable ! »

La marquise semblait justifier les dédains de son complice. Les passions violentes, qui avaient résisté chez elle à la voix de la raison et de l’humanité, tombaient alors devant des émotions extérieures. Ses sens frappés par une mélodie lugubre et sa superstition effrayée par cet étrange rapprochement d’un requiem et d’un complot homicide l’accablèrent, pour un moment, de terreur et de pitié.

Elle se rapprocha du confesseur :

— Mon père, lui dit-elle, nous reparlerons de cette affaire. Je suis maintenant trop agitée. Adieu, souvenez-vous de moi dans vos prières !

Et baissant son voile avec soin, elle sortit précipitamment du cloître. Schedoni la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle eût disparu dans l’obscurité. Puis il s’éloigna lui-même par une porte, mécontent de cet incident qui paraissait ajourner ses projets, mais ne désespérant pas de les accomplir.


Pendant que la marquise et le moine conspiraient ainsi contre la vie d’Elena, l’orpheline était encore au couvent des ursulines, sur le lac de Celano, où elle avait trouvé un asile. À la suite de tant de fatigues et d’inquiétudes, elle s’était sentie trop souffrante pour continuer son voyage. Il se passa plus de quinze jours avant que l’air pur et la tranquillité de cette retraite eussent ranimé ses forces.